Echanges autour du livre Le pèlerin russe

par Admin Ven 21 Mar - 16:03

Extrait d'un message posté sur un forum au sujet de ce livre

Publié pour la première fois en Russie vers 1870, ce petit livre, dont l'auteur est resté anonyme, représente l'un des plus beaux textes spirituels de l'orthodoxie russe.

A travers un style qui garde le charme du langage populaire, le lecteur découvre la piété russe, dans ce qu'elle a de frais et de pur. Des épisodes nombreux et colorés le mettent au contact direct de la Russie ancienne, celle qui a inspiré les grands écrivains du XIXe siècle. Il rencontre enfin dans "les Récits d'un pèlerin" une tradition contemplative remontant aux premiers siècles de l'Orient chrétien, appliquée par un contemporain de Dostoïevski et de Tolstoï.

La traduction a su garder la fraîcheur de l'original.

Au-delà du texte de présentation, ce petit livre (184 pages) est une plongée dans la campagne russe de ce siècle. On suit les rencontres de ce pèlerin marqué par le destin et qui tente de donner un sens à sa vie par la prière dite "intérieure et perpétuelle". Un sorte de psalmodie qui n'est pas sans rappeler les murmures des moines zen. Dans un style très épuré, l'auteur nous décrit ses rencontres avec des vies aussi différentes que celle d'un capitaine de l'armée alcoolique où d'un couple de croyants tenant un dispensaire pour déshérités. A chaque rencontre, le pèlerin parle de sa joie d'avoir trouvé dans la contemplation de Dieu un remède à sa tristesse et au lourd tribut qu'il a payé à la vie. Malgré les drames de ces personnages le livre respire le bien-être et la sérénité. C'est somme toute une belle manière de parler du monde qui nous entoure et d'offrir calme et tendresse, car il y a une immense tendresse chez ce pèlerin, au monde.

Un livre qui est une bouffée d'oxygène.

Extrait de l'introduction à la prière de Jésus du site Pagesorthodoxes.net

La Prière de Jésus est un des plus importants éléments de la spiritualité orthodoxe ; elle peut être considérée comme la "perle précieuse" de la spiritualité orthodoxe : Le royaume de cieux est encore semblable à un marchand en quête de perles fines : en ayant trouvé une perle de grande prix, il s'en est allé vendre tout ce qu'il possédait et il l'a achetée (Mt 13,45-46). La Prière peut aussi être assimilée aux "cinq paroles" auxquelles fait allusion Saint Paul : Je préfère dire cinq paroles avec mon intelligence pour enseigner aussi les autres que dix mille paroles en langues (1 Co 14,19) (en grec, la Prière est souvent composée de cinq mots).

La Prière de Jésus fait partie intégrante de la tradition spirituelle hésychaste, dont les origines remontent aux Pères du désert des IVe et Ve siècles. De nos jours, la Prière connaît une étonnante popularité, non seulement parmi les orthodoxes, mais aussi parmi les chrétiens d'autres confessions. La Prière de Jésus est une tradition vivante qui peut mener aux sommets de la vie spirituelle - nous n'avons qu'à nous arrêter un moment sur la vie et les écrits de quelques saints russes des XIXe et XXe siècles, par exemple, Séraphim de Sarov, Théophane le Reclus, Ignace Briantchaninov et Silouane l'Athonite, pour être convaincus de l'importance de la Prière de Jésus dans leur vie spirituelle.

La Prière de Jésus a été découverte par un large public grâce notamment aux Récits d'un pèlerin russe à son père spirituel, parus pour la première fois à Kazan en Russie vers 1870. Ce petit livre anonyme, histoire simple des aventures et de la vie spirituelle d'un paysan russe du XIXe siècle en quête de Dieu, reste d'ailleurs une très bonne première prise de contact avec la Prière de Jésus. Le pèlerin fait pénétrer le lecteur au coeur de la campagne russe peu après la guerre de Crimée (1854-1856) et avant l’abolition du servage en 1861. On voit passer les personnages typiques de l’époque : paysans, fonctionnaires, commerçants, artisans, nobles, membres de sectes, instituteurs et prêtres de campagne. Le pèlerin s’inspire de la tradition hésychaste, guidé dans sa recherche de Dieu par un starets (un "ancien") qui l’introduit à la Prière de Jésus, sa seule véritable nourriture.

Dans un langage simple et clair, le pèlerin nous fait entrer dans l’expérience spirituelle au plus haut niveau que l’on associe volontiers au renouveau spirituel de la Russie au XIXe siècle, mouvement que l’on nomme parfois le "renouveau philocalique", puisqu’il a été largement inspiré par la diffusion de la fameuse Philocalie. En fait, le pèlerin n’a que deux livres : la Bible et la Philocalie. La Philocalie des Pères neptiques, publiée en grec à Venise en 1782 et en slavon à Moscou en 1793, est une anthologie d'écrits spirituels centrés sur l'hésychasme et la Prière de Jésus, par les grands maîtres de la spiritualité de l'Église d'Orient entre le IVe et le XIVe siècle. Le mot Philocalie veut dire en grec "amour de la beauté" ; ici, la vraie beauté est la beauté spirituelle : Où est ton trésor, là aussi sera ton cœur (Mt 6,21). La Petite Philocalie de la prière du cœur de Jean Gouillard est composée d'extraits de la grande Philocalie concernant la Prière de Jésus.

par Hillel Sam 19 Avr - 11:05

J'ai découvert "les récits d'un pélerin russe" par un collègue et ami il y a environ 20 ans . J'étais "en recherche" comme on dit , et lui était au chemin néocétéchuménal , ds l'ER . Je venais de faire un séjour à l'ECOF , interrompu pour des raisons de changement géographique professionnel . Il existe d'ailleurs un compléments "trois récits inédits" , à caractère un peu plus spirituel . Encore que...

Il s'agit de la longue quête d'un brave paysan russe , qui vient de perdre sa femme (l'une des pires choses qui puisse arriver à un homme) , et qui , frappé par l'exhortation d'un starets , reprenant la parole de St Paul : "il faut prier sans cesse" , se met en marche , et pas vers le bourg le plus proche , non , vers Jérusalem . On ne situe pas très bien l'époque . On peut l'imaginer vers 1820 , enfin au début du XIX°siècle , après les guerres napoléonniennes (à contrôler, je parle de mémoire , décidément , il faut que je le relise) .Et , au cours de ce pélerinage , il va , comme ds tout pélerinage qui se respecte , se trouver confronté aux mystères de l'existence . Au travers de multiples rencontres , qui , toutes , vont le faire avancer ds l'acceptation des Mystères et se rapprocher son être profond de son Dieu . Cela se lit assez facilement .

C'est une excellente introduction à la théologie chrétinne en général , et "orthodoxe" en particulier . Je mets entre guillemets , désolé , mais 20 ans de fréquentation de ce monde spécial m'ont appris que le mot ne voulait plus dire grand'chose , tout au plus sert-il signifier son hostilité identitaire envers celui de l'autre juridiction , qui ne dit pas le même nombre de "kyrie" ou n'incline pas la tête au même moment le même nombre de fois . Ne souriez pas , lors de la "querelle" des "vieux croyants" en Russie , cela a été jusqu'à la persécution sanglante et aux massacres . Comme ds notre doulce France au XVI° siècle . Mais je m'éloigne de mon propos initial .

Peut-être que c'est pour cela qu'il faut "prier sans cesse" . Et un starets , auquel notre paysan avait posé LA question : "Mais qu'est-ce que la prière," de lui répondre : "la prière , c'est l'effort INCESSANT de l'homme pour s'élever jusqu'à Dieu" .

Ce qui fait immédiatement penser à la fameuse formule de St irénée de Lyon "Dieu s'est fiat homme pour quil devienne Dieu" que je préfère tempérer , quant à moi , de la façon suivante : "Dieu s'est fait homme pour que celui-ci accède à la divinité" . Car finis nous sommes , finis nous demeurerons , même ds l'Eternité , puisqu'il fut un moment où nous fûmes (juste après la fusion des noyaux des gamètes maternels et paternels , et un moment où nous n'étions pas (juste avant) . Alors que Dieu EST : (Y.H.W.H.) .

Et si on se rappelle que , selon St Jean , pardon , Jean le théologien , comme 'y disent ds le monde dit byzantin , "Dieu est amour" , cela signifie en somme que prier n'a qu'un seul but : apprendre à aimer . Sans quoi nous sommes et restons "des cymbales retentissantes" . Voilà , c'était mon quart d'heure métaphysique ...

par grégoire Lun 21 Avr - 15:46

Pour compléter ces belles (et bonnes) réflexions , à propos de la citation de saint Irénée: je crois , qu'il faudrait la compléter ou la comprendre à la lumière de la pensée du Père Pierre Teilhard de Chardin... il s'agit pour l'homme , non de devenir Dieu car Dieu est Un et INcréé (ce qui n'est pas notre cas), mais de participer aux caractères divins et là ... le P. Teilhard rejoint – sans le savoir sans doute, en tout cas sans le dire – la pensée "orthodoxe" de saint Grégoire Palamas .

par seraphim Jeu 24 Avr - 0:10

La divinisation de l'homme s'accompli(t)ra dans son union à Dieu.

Le père François Brune écrit : "Le vrai christianisme, celui de tous les mystiques, croit - avec Saint Jean- que nous serons tous un en Dieu dans le Christ". Il ajoute : "Cette déification comporte, indissolublements liés, un aspect ontologique, par la participation à l'être même de Dieu, dans ses énergies incréées, et un aspect personnel, puisque, finalement, l'Être même de Dieu c'est l'Amour, et que, sans conversion personnelle à l'Amour, l'Être de Dieu nous deviendrait enfer."

in "Pour que l'homme devienne Dieu" Dangles/ Horizons spirituels

J'ajouterais, pour revenir au thème de ce fil de discussion que "L'expérience mystique qui est inséparable de la voie vers l'union ne peut être acquise que dans l'oraison, par la prière" comme l'écrit Vladimir Lossky et que "le fruit de l'oraison est l'amour divin qui n'est rien d'autre que la grâce acquise à l'intérieur de notre être."
Et aussi que c'est "le Saint-Esprit (qui) confère la divinité aux personnes humaines appelées à réaliser en elles l'union déifiante - mystère qui se révèlera dans le siècle futur, mais dont les prémices transparaissent déjà ici-bas, dans ceux qui s'assimilent à Dieu."

in Essai sur la théologie mystique de l'Eglise d'Orient

par grégoire Dim 27 Avr - 20:43

cher Séraphim,

je crois qu'il vaudrait mieux écrire : "la déification de l'homme" ...

par Admin Lun 28 Avr - 0:28

Un extrait du texte
L'oeuvre de Teilhard et la pensée orthodoxe par le R. P. Eugraf Kovalevsky
http://www.eglise-orthodoxe.eu/texte_theillard_chardin.htm

La formule patristique (Irénée, Athanase) si populaire dans l'orthodoxie : Dieu est devenu homme afin que l'homme devienne Dieu, contient l'idée d'un progrès perdurable vers la déification. Cette formule alimente aussi l'évolutionnisme du P. Teilhard. “Cosmogénèse, anthropogenèse, christhogenèse” forme pour Teilhard de Chardin un tout cohérent de trois cercles concentriques. Cette pensée s'élève contre la structure statique du monde, fixée une fois pour toute.

par grégoire Jeu 8 Mai - 0:20

j'ai lu ces jours-ci une synthèse des "Récits du Pèlerin russe" par notre ami Nicodème je me demande s'il ne devrait pas nous la faire partager sur ce forum...

par Hillel Dim 1 Juin - 12:30

Lorsque j'ai découvert l"orthodoxie" , en 87 , par le biais de l'Ecof , ce thème de la divinisation de l'homme , sassé et ressassé par d'excellents esprits comme Olivier Clément , m'a sauté à la figure comme une illumination totalement nouvelle . Plus tard , une dame , "catholique" , pusiqu'il faut se référer à des catégories réductrices , m'a dit , à propos de ctte si belle icône de la Trinité de Roubiev : "Tu vois ,me dit-elle , là -et en me montrant la place de devant- la quatrième , cette place (sur la table) est inoccupée , c'est la tienne !". Gloups ! me dis-je in petto ..comment , moi , pauvre homme pécheur gna gna gna , auprès du Dieu juge , tout puissant et un peu satrape oriental plus ou moins pervers qui subsistait ds ma tête formattée par 15 ou 16 ans de catholicisme tridentin ds mon enfance (c'était avant "le" Concile...) ..Je réalisai à quel point cette image était juste , sans doute l'avait-elle dénichée au hasard de la lecture de quelque "Père" autre qu'Augustin d'Hippone ou l'incontournable "docteur angéliqe" comme 'y disent ,mais de fait , si Dieu était "un" au sens d'un objet d'un bloc , et non "un" au sens de "Ehad" , comme la paire de lunettes , en d'autre termes , si son unicité n'était pas "trine" , et , par là , ouverte , eh bien nous autres , les hommes n'aurions aucune chance d'y accéder . "Pour autant que nous en soyions jugés dignes" est-il dit je ne sais plus où .Mais z'enfin , cette proximité là doit bien être à cent coudées au dessus du jardin aux 72 vierges , qui n'est que la représentation du désir du mâle standard , non évangélisé , càd non divino-humanisé , et dont l'horizon se limite à ses attributs ...

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